Paroles de Rislois : Magdalena Arnoys
« J’habite à Brionne. Je suis handicapée depuis sept ans. J’ai perdu ma vision au fur et à mesure des années. Je ne suis pas aveugle. Je suis malvoyante. Je ne distingue que les formes.
Ma sensation vis-à-vis de l’eau… Lorsque je suis dans mes pérégrinations de promenades je m’aperçois que l’eau me fait énormément de bien. J’ai un ressenti très positif.
Lorsque je suis à l’étang, au fur et à mesure de ma promenade, moi j’entends des bruits que les gens dits « normaux » n’entendent pas : les bruits d’oiseaux, le bruit du vent dans les arbres, alors c’est quelque chose vraiment d’habituel, les feuilles – actuellement au mois de septembre – qui tombent. Le bruit des feuilles qui tombent ça fait beaucoup de bruit. Et le bruit surtout du chant des oiseaux. J’ai remarqué que j’ai entendu des oiseaux encore de printemps. Donc je pense que c’est par rapport à la période estivale que nous avons.
L’eau de l’étang qui murmure aussi. Elle murmure souvent à mon oreille. Ça me donne quelques fois une certaine excitation positive, un bien-être. Comme ça peut aussi me paniquer quelques fois, lorsqu’arrive le mauvais temps, l’hiver, le vent, les tempêtes, l’étang qui s’affole… Mais, j’avoue que l’eau me procure un bien fou.
Alors, la Risle, elle bouge. Je l’entends parce qu’elle va assez vite pour moi. J’ai l’impression que c’est quelqu’un qui part très vite, qui marche très vite. L’étang, lui, il est plus docile, plus calme, puisque c’est une eau dormante. Donc je fais très bien la distinction entre la Risle, et l’étang. La Risle, elle est vivante. Nous avons eu une inondation au mois de juin. La Risle, elle était en colère, elle était boueuse, elle était haute, elle faisait peur. Et, par rapport à l’étang qui est plus… C’est comme de la musique. Vous avez le crescendo, vous avez la mélodie de l’étang. C’est particulier. Enfin, moi c’est ce que je ressens. »