Paroles de Rislois : Michel Jarry
« Je vais avoir 87 ans. Je suis né à Brionne, il y a 87 ans, le 24 décembre, la veille de Noël. C’était un cadeau de Noël.
Quand j’étais plus jeune, avant d’aller au régiment, on avait ce qu’on appelait des périssoires, en bois. Il n’y avait pas de canoë ni de kayak à l’époque. C’était un copain qui les fabriquait luimême. Et on descendait la Risle jusqu’à Montfort, et puis on la remontait. Souvent c’était le dimanche parce que la semaine on travaillait. Et puis, j’aimais bien être tout seul dans ma périssoire. J’aimais pas être à deux. Mais là on voyait vraiment, quand on est dans une périssoire au ras de l’eau, on se rend compte de ce qu’est le paysage, alors que quand on passe dans la rue, c’est tout à fait différent. Là on est à ras, et on voit tous les arrières des propriétés, on traverse les usines.
À l’époque il y avait des barrages partout parce que toutes les usines de la Risle avaient des vannages et des turbines ou des roues hydrauliques, donc il fallait descendre, traverser l’usine à pied avec notre périssoire et puis repartir plus loin. Et on remontait. Avec le courant c’était assez difficile, mais on s’amusait. On était à peu près cinq ou six, pas plus. Il y avait peu de personnes qui faisaient de la périssoire sur la Risle.
Une périssoire c’est un bateau en bois qui fait à peu près cinq mètres de long. Quatre mètres cinquante / cinq mètres. Qui est tout à fait en bois mais qui n’est pas insubmersible. Il n’y a pas de chose qui empêche la flotte de rentrer dedans. Ce qui fait que si vous basculez d’un côté ou de l’autre, bon bah la flotte rentre dedans et vous coulez. Et donc, on avait des grandes pagaies, des pagaies doubles, et le fond était plat. Et comme il y a des endroits dans la Risle où il y a deux à trois mètres d’eau, il y a des creux. Mais à d’autres endroits vous touchez les cailloux. Mais, c’est assez agréable comme engin, ceci-dit. Il y en avait peu. Il y avait peut-être six périssoires sur la Risle. Et donc on s’amusait bien. On était entre copains quoi. »