Paroles de Rislois : Cécile Tuton

 

« Étudiante à Agro ParisTech. C’est une école pour former les ingénieurs agronomes.

J’étudie les enjeux, notamment de la Risle, pour ensuite proposer des actions, en lien avec les enjeux découverts. Que ce soit au niveau des berges, au niveau de la Risle, ou d’autres espaces naturels, comme les prairies humides. Pour moi la Risle est un milieu complexe. En fonction de là où on va aller, elle va avoir des vitesses de courant, des hauteurs d’eau, des formes de berges différentes. Toutes ces caractéristiques changent en fonction du temps, à plus ou moins long terme, et en fonction de différents paramètres assez complexes comme la pluviométrie. En fin de compte, la Risle est vivante. Elle a des interactions avec les milieux adjacents, par l’érosion des berges, par la sédimentation, et par le débordement de la Risle sur ces milieux, comme au niveau des prairies humides de Valleville. Ces débordements permettent à une biodiversité spécifique et assez intéressante de s’exprimer.

Elle est aussi complexe par ses interactions. Par exemple ses interactions avec la berge. Si on prend une berge avec différents arbres locaux, comme l’aulne ou le frêne, l’arbre va se servir de la Risle, pour se nourrir de l’eau, et en contrepartie les racines de ces arbres vont stabiliser les berges, vont modifier la vitesse du courant, puisqu’elles passent dans la Risle, puis dans la terre, et vont permettre de créer des cachettes pour les poissons qui se cachent des prédateurs pouvant aussi être des poissons. Parce que ça va plus loin. La végétation des berges favorise aussi une biodiversité, comme les oiseaux. On peut donner l’exemple du martin-pêcheur. Il se perche sur une branche, il attend que le poisson passe pour ensuite plonger, le prendre, l’assommer et enfin l’avaler.

À Brionne on lutte contre la renouée du Japon qu’on retrouve sur certaines berges de la Risle. C’est une espèce envahissante et exotique. C’està-dire qu’elle ne vient pas de la France au départ, mais elle va prendre le pas sur les autres végétations. Et la compétition va être trop importante, et il n’y aura, à terme, que la renouée du Japon, si on laisse faire.

Aujourd’hui c’est un organisme un peu plus global, le Syndicat de rivière, qui s’occupe de la lutte contre la renouée du Japon. Mais moi je propose à la Ville de lutter plus localement, pour que ce soit plus efficace. Par une formation des services techniques, pour qu’ils puissent reconnaître les espèces exotiques envahissantes et qu’ils puissent établir une veille sur tout le territoire, pour savoir où il y en a et où il faut absolument intervenir en priorité.

Ça va un peu dans le sens du programme d’animation sur l’eau et la Risle que j’aimerais bien proposer à la Ville, qui serait de réaliser une manifestation festive avec plein d’activités en lien avec la Risle pour que les gens comprennent les différents enjeux : ne pas jeter de déchets, ne serait-ce que des bouteilles de bière, dans la Risle, mais aussi qu’ils comprennent que c’est un endroit de loisirs que l’on peut aimer, et pas en avoir peur sans arrêt, parce qu’elle change, au niveau des inondations par exemple.

La Risle est complexe, elle est en perpétuel changement, c’est un constituant de la biodiversité, mais en même temps une source de biodiversité. »

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