Paroles de Rislois : Madeleine Beaudoin

 

« Mado. Madeleine Baudoin. Enfin, tout le monde connaît Mado ! Aux Éssarts, au bord de la Risle. La seule plage sur le bord de la Risle, dans Brionne.

La Risle, ça a d’abord été un terrain de jeu. Alors, depuis l’enfance, la première chose qui me vient à l’esprit, c’est la curiosité du bord de la Risle. Parce que, il y a toujours quelque chose à regarder, à toute saison. Et puis c’était un terrain de jeu formidable. J’ai appris à nager dans la Risle à partir de six-sept ans. On nous jetait à l’eau là, pour voir si on se débrouillait, et puis « ça flotte ! ». Alors le père nous récupérait, et on a appris à nager comme ça, avec mes frères.

Cette petite plage… Rien que de descendre dans la rivière… J’ai pied partout. La première sensation c’est le froid. Ça c’est ce que tout le monde pourra vous dire. Les premiers doigts de pieds dans la rivière…Aaah, on a envie de reculer ! Bon, moi j’aime bien avoir froid aux pieds, pas comme tout le monde. Alors, j’y vais. Une fois qu’on a passé le genou ça va. Après ça y est, on a chaud, on est bien. C’est la fraîcheur de l’eau… L’eau qui passe sur le corps. Il y a quelque chose de beaucoup plus vivant que dans la mer, si en plus on est nombreux. Et puis alors la piscine m’en parlez pas ! Pour moi c’est impossible. Rien que l’odeur. Rien que d’entrer, d’être près, l’odeur ça me suffit.

C’est le courant qui fait une sensation de vie sur la peau. Ouais, c’est super ça. Je ne sais pas, on a les arbres au-dessus, on est en même temps dans la végétation. C’est une source de vie. Voilà. C’est le plaisir d’apercevoir un martin-pêcheur, de regarder les libellules, de soulever un caillou, de voir les crevettes, les porte-bois.

Une anecdote : j’étais là et je voyais quelque chose au-dessus de l’eau. Comme un bouchon. Comme une branche. Je voyais, je ne voyais pas, je voyais un petit bout, je ne voyais plus… En même temps, je voyais qu’il y avait un rythme très vivant. Mmm, ça m’interpelle. Je regarde avec beaucoup d’attention, je ne bouge pas. Et, quand ça s’est approché, eh bien c’était une couleuvre de au moins un mètre de long. Qui a eu beaucoup plus peur de moi que moi je n’avais peur d’elle, et qui m’a évidemment évitée et qui est partie. Et finalement elle est montée à terre. Enfin, elle s’est glissée un peu plus loin. Je lui ai fichu la paix. Mais elle descendait dans le courant de la rivière. C’était une image fantastique ça. »

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