Paroles de Rislois : Véronique Letailleur

« Je suis brionnaise, et j’ai passé toute mon enfance aux Éssarts, jusqu’en 1968.

Donc la Risle est un élément important de mon enfance. C’est lié à des souvenirs heureux, et pas forcément toujours faciles, parce que Maman à l’époque n’avait pas de machine à laver. C’était le lundi, traditionnellement qu’on lavait le linge. Elle mettait le linge dans la lessiveuse, et elle le posait dans des bacs, elle prenait une grande brouette et elle emmenait les deux grands bacs jusqu’au lavoir de la route des Sept-Ponts. Le premier lavoir. Pour rincer le linge. Il y avait le battoir, il y avait pour mettre les genoux. Mais il n’y avait pas de cancans, parce que, de souvenir, elle était la seule qui allait rincer le linge à ce lavoir. Beaucoup de travail. Du travail dur. Mais on l’accompagnait. Pour nous c’était de la joie. Pour elle, je ne sais pas, mais pour nous oui, c’était de la joie. Ça faisait partie de notre univers.

Et autrement, on jouait, mon frère se baignait dans la Risle. Le jeudi, jour où on n’avait pas école à l’époque, mon frère préparait des pièges pour les rats d’eau, près d’un autre pont sur la route des Sept-Ponts. On attendait que les petites bestioles arrivent. On s’amusait énormément. On passait tous nos après-midi le long de la Risle, en étant prudents, puisque normalement on ne devait pas aller trop loin. Donc on désobéissait parfois quelque peu, en allant jusqu’au dernier pont.

On se promenait, on cueillait les fleurs, enfin, vous voyez. C’était très bucolique, très sage. On regardait les poissons, mon frère pêchait beaucoup, mon jeune frère. Il avait son permis de pêche.
Vers Rugles on voit la source de notre rivière, la Risle. Ce filet d’eau, on le voit grandir, grossir, prendre de l’extension. Et à Brionne c’est déjà une belle rivière, qui serpente bien, qui est charmante, dans un cadre agréable. Je trouve qu’elle est, comme dans beaucoup d’autres endroits, un petit peu moins entretenue. Les propriétaires attendent souvent, ou ne la nettoient pas. Il y a eu des transformations pas très élégantes, dirons-nous, un non-respect de la rivière. Mais actuellement je trouve qu’il y a une prise de conscience que c’est un élément important de notre patrimoine, et que c’est un cours d’eau que l’on doit continuer à maîtriser, mais à aussi nettoyer, entretenir, pour que notre belle rivière continue jusqu’à son embouchure, dans la Seine. Tout simplement. »

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